Ma voisine la magicienne

Ma voisine la magicienne est un roman jeunesse comme je les aime : frais, pétillant, drôles, mais abordant aussi des sujets plus profonds.

Résumé : Pour Callie, hors de question de déballer ses cartons : ce n’est pas chez elle, l’Irlande ! Toute sa vie est à Londres, avec sa meilleure amie et les souvenirs de sa mère. Impossible d’accepter ce déménagement. Mais voilà qu’une maison volante s’écrase dans son jardin ! Sa propriétaire, une magicienne farfelue, a perdu la Poudre d’Escampette qui lui permet de décoller. Impuissante face aux terribles créatures qui menacent de voler ses objets magiques, la naufragée supplie Callie de l’aider à la retrouver. Avec l’aide de Sam, son nouveau voisin, Callie se lance dans cette quête pleine de dangers. Entre le risque de voir disparaître sa maison et le refus d’accepter son nouveau chez-soi, parviendront-ils à sauver leur foyer ?

Voilà typiquement le genre de romans littérature jeunesse que j’adore. On y retrouve la magie de l’enfance, l’aventure, les émotions en ébullition, un ton juste et des personnages adorables. Ma voisine la magicienne apporte une grosse dose de bonne humeur, malgré des sujets abordés pas forcément très gais. En fermant le roman, je me suis même dit qu’une suite serait vraiment géniale.

Nous rencontrons donc Callie, une enfant qui vient juste de déménager et donc de quitter le foyer qu’elle a toujours connu. Sa mère étant décédée il y a plusieurs années de cela, le départ a une note encore plus profonde pour la jeune fille. Pour Callie, déménager revient à rompre tous les liens qu’elle avait créés, perdre ses souvenirs en un sens, ne plus avoir de maison. Elle dit avoir le mal du pays, mais en soi, c’est bien plus profond que cela. Elle est déracinée et ne pense pas pouvoir retrouver cette sensation de chez soi. Et pourtant, la nouvelle région où son père a décidé d’emménager est magnifique, pleine de surprises et avec des voisins accueillants. Mais ce n’est pas chez elle.

Ayant déménagée moi-même plusieurs fois durant l’enfance « à cause » du travail de mon papa, il était facile de faire écho à ce que peut vivre Callie. Quitter ses amis quand on est enfant, c’est une épreuve. Je n’ai jamais été en colère contre mes parents par contre, même si je peux là aussi comprendre notre jeune héroïne. Elle est, en un sens, face à un deuil. Celui de son ancienne maison, de son ancien quartier, de son ancienne ville. Ce n’est pas évident de reconstruire surtout quand on a vécu de très bons moments. Callie doit en plus de cela gérer les émotions liées au décès de sa mère. C’est cette ancienne maison qui renferme tous les souvenirs que Callie avait d’elle. Et pour notre héroïne, ce déménagement est une perte énorme. Ma voisine la magicienne va donc se concentrer sur l’acceptation et l’envol de Callie, le cheminement un peu douloureux, mais surtout la vision de ce que le futur peut lui réserver. De nouvelles rencontres, dont notamment Sam, petit garçon intrépide qui connait comme sa poche la région, et Winnifred, notre fameuse magicienne. Le fait de réaliser que non, elle n’a rien perdu, que sa maison ce sont les gens qu’elle aime et que la distance ne signifie pas forcément la fin de tout. Un parcours émouvant qui m’a beaucoup touché.

Il y a aussi la partie magique et un peu folle de l’histoire. Une bouffée d’air frais face au chagrin de Callie, mais aussi un moyen de comprendre beaucoup de choses. Et c’était parfait. Le côté magie fait écho à l’enfance, et ajoute une touche d’imaginaire que j’adore. Winnifred va conduire notre petit duo dans une aventure un peu folle, inquiétante, mais surtout extraordinaire. Un nouveau monde s’ouvre à nous, et franchement, on aimerait tous avoir une voisine comme Winnifred (surtout pour le service de livraison à domicile de repas… j’en rêve encore…). C’est loufoque, drôle, attachant, intrépide aussi. Callie va devoir sortir de sa zone de confort, faire des erreurs, mais surtout se découvrir et ça, c’était super.

Ma voisine la magicienne est un petit roman jeunesse comme je les aime. Frais, pétillant, drôle, mais qui aborde aussi des sujets importants pour l’enfant. Ici, on n’infantilise pas, on apprend en faisant des erreurs et en allant de l’avant. Pour sûr, Rachel Chivers Khoo est une auteure que je vais suivre et j’espère que ses autres romans seront traduits.