Au plus profond de la forêt

Malgré un début très lent, Au plus profond de la forêt est un récit plein de charme qui exploite un pan de l’univers du Prince cruel de manière très intéressante.

Résumé : A Solclair, les humains et les Fæs coexistent. Là, au plus profond de la forêt, celui qui cherche bien peut trouver un cercueil de verre. A l’intérieur, un garçon doté de cornes et d’oreilles aussi pointues que des couteaux est assoupi depuis des générations.
Hazel et Ben, frère et sœur, étaient tous les deux amoureux de lui quand ils étaient enfants. Mais le jour où le garçon fæ se réveille enfin pour sortir de sa prison de verre, le monde bascule. Petite fille, Hazel aimait prétendre être une chevaleresse, brandissant son épée et réparant les torts. Mais ces jeux d’enfants seront-ils suffisants pour échapper aux trahisons et sauver Solclair du danger qui menace ?

Pour éviter plus ou moins une overdose, j’ai choisi de lire Au plus profond de la forêt avant d’attaquer la duologie qui fait suite au Prince Cruel. L’univers reste le même, mais on est beaucoup plus dans le monde des humains que celui des Faes, et j’avoue que Severin m’intrigue énormément depuis son apparition dans la saga. C’était donc une coupure parfaite avant de s’attaquer à la suite.

Malgré le fait que ce soit un tome unique, les choses se mettent très lentement en place. Je peux comprendre qu’Holly Black ait voulu nous faire comprendre ce qu’était la vie en tant qu’humain dans une ville en cohabitation avec les Faes, mais entre cela et la découverte de nos héros, je me suis, un petit peu, ennuyée au début. Non pas que l’ensemble n’était pas intéressant, mais il manquait tout de même un petit quelque chose. Et puis, enfin, l’événement déclencheur arrive et là, j’ai vraiment pu apprécier ma lecture jusqu’à la fin.

Hazel Evans est notre héroïne principale. Tout gravite autour d’elle. Entre son frère, le prince et le changelin, son voeu et le destin de Solclair, Hazel ne peut pas échapper aux Faes et de toute façon, elle ne le veut pas. On découvre une jeune femme qui n’a pas eu une enfance facile et dont l’imagination et la force ont fait qu’elle a pu survivre dans ce monde plutôt hostile. Hazel cherche quelque chose à quoi se rattacher. Elle a besoin d’un but pour aller de l’avant. Le personnage est psychologiquement très intéressant. Elle reste une adolescente par bien des côtés et en même temps, elle est bien plus mature que les adultes qui l’entourent. Son frère Ben fait un peu pâle figure à côté. Il est adorable, j’entends bien, mais j’aurais aimé en voir plus. Tout comme pour Jack et Severin. Le hic, c’est qu’Hazel finit par prendre tellement le pas sur tout, que les garçons passent au second plan très rapidement. Les relations qu’elle tisse avec Ben, Jack et Severin sont à contrario plutôt réussies. Il y a une excellente dynamique qui se crée et donne un côté épique à Au plus profond de la forêt. La chevaleresse qui doit sauver ses princes. C’est moderne et l’on adore.

Côté intrigue, Au plus profond de la forêt creuse vraiment plus les relations entre humains et Faes. Avec le roi des Aulnes comme ennemi, on découvre une menace latente et fourbe, sauvage et cruelle. Il y a pourtant une cohabitation entre Solclair et le roi, mais le mépris et surtout la soif de pouvoir va finir par faire basculer cet équilibre précaire. Hazel et ses amis ne se voient pas seulement à sauver un prince, mais à aussi sauver leur ville. Un destin digne des contes de fées (pas les tous mignons, j’entends bien), où l’adrénaline monte crescendo, et surtout où les apparences sont trompeuses. C’est une sorte de jeu du chat et de la souris. Nos héros devront faire preuve de courage, mais aussi d’ingéniosité avec une petite touche de romance que l’on apprécie toujours.

Bien que le démarrage fût un peu long, Au plus profond de la forêt reste une histoire parallèle pleine de charme dans cet univers si particulier. Toujours avec un axe très féministe, j’avoue que je n’aurais pas été contre un développement un peu plus poussé des trois personnages masculins principaux. Mais l’aventure n’en reste pas moins prenante quand les choses bougent enfin. Un éclaircissement dans tous les cas sur le trio que l’on a connus durant la trilogie du Prince cruel.

Mes chroniques des tomes de la saga Le peuple de l’air : ici