Moi, le Minotaure, un récit doux et dur à la fois. On ne nait pas monstre, on le devient. Encore une réussite pour cette collection.

MinotaureRésumé : Je suis Astérios, Prince de Crète. Je vis dans un grand palais et mon lit est en or. Mais tout le monde me fuit ! Je viens de découvrir ma véritable apparence : celle d’un enfant à tête de taureau ! On m’appelle désormais le Minotaure.
Comment cela a-t-il pu arriver ?
Voici mon histoire…

Découvrez la mythologie racontée par les monstres eux-mêmes !
Et si ce n’étaient pas eux les méchants ?

Mon avis : J’ai commencé par l’histoire de Ligia, car je ne connaissais pas tellement son histoire, contrairement à celle du Minotaure. Si jamais vous commencez la collection de Scrinéo sur les monstres de la mythologie grecque, même si cela n’a pas beaucoup d’importance, préférez celui-ci. Il y a quelques éléments que je trouve intéressant de lire dans ce tome avant de poursuivre avec les autres, comme notamment la seconde partie avec les explications sur les légendes qui nous sont contées.

Mais revenons à Minotaure. Comme beaucoup, je pense, nous connaissons ce monstre, le fil d’Ariane et le labyrinthe de Dédale. Dans Circé de Madeline Miller, j’avais eu une vue plus globale du mythe car l’auteur mettait notamment en avant la naissance du prince Astérios ainsi que sa « transformation » en monstre. Mais encore une fois, c’est surtout sa soeur Ariane, Dédale ou bien Thésée qui sont mis en avant. Ici, Sylvie Baussier commence son récit de façon poignante avec un jeune garçon qui ne demande que l’amour de ces proches, et qui nous fait sentir combien nous avons de la chance. On voit l’enfant prendre conscience de sa « monstruosité », puis du secret de sa naissance, prenant de plein fouet toute l’ampleur du rejet qu’il subit, alors qu’il est innocent. Si Poséidon s’est vengé de Minos, en toute légitimité, c’est toutefois un être innocent qui va encore une fois payer pour la faute d’un autre.

Le récit est toujours doux, de part son personnage principal, mais aussi dur et parfois violent. Il est difficile de voir Astérios souffrir de la sorte, alors que l’enfant ne veut que l’amour de ses proches et vivre librement. Minos par son arrogance n’assume pas son erreur envers un Dieu. Plus encore, il se complaît dans une cruauté qui va amener Astérios à devenir réellement le Minotaure. On ne naît pas monstre, on le devient. La lutte du jeune prince pour rester ce qu’il est et ne pas basculer est poignante. Surtout lorsque l’on voit tout ce qu’il subit.

La fin est comme on se l’attend triste, même si héroïque en un sens aussi. Mais cette liberté enfin trouvée a un goût amer. Mais l’auteur parvient, encore une fois, à nous montrer un visage tout autre, et à réfléchir sur des événements dont l’écho peut encore se faire de nos jours.

La dernière partie complète le récit en apportant des informations sur le Minotaure et la mythologie grecque. Il y a une courte phrase qui cache le mot suicide et qui aurait peut-être pu être plus développée à mon goût, surtout que c’est un acte qui arrive malheureusement de plus en plus tôt pour certains. Le message passe mais je ne suis pas certaine qu’il soit assez parlant pour les plus jeunes.

Il n’empêche que Moi, le Minotaure est non seulement une excellente initiative, mais aussi un récit qui vaut réellement le coup.

Ma chronique de Ligia : ici

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