L’arpenteuse de rêves est un roman dépaysant, plein de résilience et qui fait écho à notre monde.  A mettre entre toutes les mains.

arpenteuse de rêvesRésumé : Myri est une Arpenteuse, elle a le pouvoir de s’immiscer dans les rêves des autres. Ce pouvoir est aussi une malédiction qui a causé la mort de sa jeune sœur, quelques années auparavant. Depuis, Myri se tient à l’écart des rêves grâce à la nerfolia, une plante interdite.

Mais dans le royaume de Claren, quand on est une habitante de la ville basse, on n’échappe pas facilement à son destin. Une pollution inquiétante se répand autour des ateliers, le long du fleuve. Elle coïncide avec l’apparition d’étranges fantômes qui s’introduisent dans les rêves et les transforment en cauchemars. Alors, quand le petit Miracle est à son tour frappé par le Mal des fantômes, Myri n’a pas d’autre choix que de redevenir une Arpenteuse.

Mon avis : Sans surprise la sublime couverture de L’arpenteuse de rêves a tout de suite accroché mon regard. Le titre aussi avait quelque chose d’original et d’onirique qui titille la curiosité. Disponible sur NetGalley, j’ai donc sauté sur l’occasion pour le découvrir, et après ma lecture du format numérique, je peux vous dire que dès sa sortie, j’irai acheter sa version papier.

Myri est une arpenteuse, un être capable d’entrer dans les rêves des autres, mais à la suite d’un tragique événement, elle décide de se fermer à son don. Jusqu’au jour où son monde bascule et qu’elle doive choisir entre tenir sa promesse et sauver les siens. J’ai tout de suite aimé cet univers. Ancré dans la réalité de part ses nombreuses similitudes avec notre monde, Claren nous est dépeint comme une ville à la dérive. Séparation des classes, maltraitance, survie, pollution, élitisme… on y découvre tous les travers d’une civilisation qui s’est perdue et au milieu de tout cela, un petit groupe de survivants qui est comme un rayon de soleil essayant de perdurer. Impossible de ne pas s’attacher à Myri et sa famille. Ce brin d’espoir qui éclipse la noirceur et cette sensation poisseuse qui colle à la basse ville.

Et Estelle Faye continue à nous charmer tout en dénonçant. Avec des chapitres courts, dont je suis de plus en plus friande dans mes lectures, un rythme soutenu, et des rebondissements qui se succèdent, on voit petit à petit le fil conducteur se créer et nous amener à un tournant pour Claren. Ce n’est pas seulement la vie de Myri et des siens qui est en jeu, mais bien toute la civilisation qu’elle connait. Les enjeux sont grands, mais l’auteur n’étouffe pas son lecteur avec trop de pression. On comprend, on sait combien l’homme peut être avare, capricieux, envieux, mais on voit aussi toute la bonté dont nous sommes capables. Il y a un point de non-retour dont certains sont conscients et on espère qu’ils sauront l’éviter. Car il y a beaucoup d’espoir dans l’arpenteuse de rêves. L’histoire est dure par certains côté, révoltante aussi, mais l’espoir est toujours là. Dans les actions comme dans les personnages que l’on croise. Et le fait de nous donner la possibilité de croire, de rêver aussi, et ce qui rend le roman si spécial.

Je ne pensais pas qu’il y aurait cette « démarche » écologique. Je voyais plus un univers fantaisie et une quête de soi. Mais au fur et à mesure de ma lecture, l’idée de conte s’est plus imposée à moi. Et si au début, j’ai trouvé cela « étrange », je me suis prise au jeu, d’autant plus que les enjeux devenaient alors plus grands et aussi plus imminents. Si Myri veut sauver les siens, elle doit d’abord sauver son monde.

Toute la mythologie autour des arpenteurs de rêves est aussi très intéressante. Il y a des spécificités dans ce don qui sont propres à chacun, une dimension politique aussi. On pourrait croire que cette partie onirique serait épargnée par la débauche des hommes mais il n’en est rien. La perversion est partout. Même les légendes que l’on découvre autour de leur dieu, de la naissance du don reflètent ce monde. C’était une agréable surprise, car j’ai trouvé le développement du monde plus cohérent en soi. Tout s’explique en un sens. Sans compter l’originalité de l’ensemble.

Côté personnage, j’ai trouvé l’idée de faire des héros des personnages non héroïques rafraichissante. Bien sûr Myri a quelque chose de plus, mais nous sommes loin du stéréotype même de l’héroïne. Elle se bat avant tout pour ceux qu’elle aime. Elle ne cherche pas le pouvoir, pas la reconnaissance, pas les faits d’armes. On la voit se débattre, survivre. Elle fait écho à tout à chacun tout comme sa famille. Il y a aussi beaucoup de résilience dans chacun d’eux. Lélio, malgré son côte un peu chiffe molle, reste celui que j’ai trouvé le plus intéressant à voir grandir. La relation qu’il établit avec Myri a aussi quelque chose d’original qui transcendante ce que l’on peut voir habituellement. Les dernières lignes du roman d’ailleurs mettent vraiment en avant ce lien unique, et les choix de l’auteur avec ses deux personnages étaient pour moi parfaits.

L’arpenteuse de rêves a donc été une lecture dépaysante par certains aspects avec des personnages attachants, un monde où la magie est subtile et qui crie à l’aide. Encore une fois, j’ai aimé voir le monde réel et celui de Claren entrer en résonance. Un roman qui fait réfléchir et qui met en avant ce qui compte réellement.

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