Un plaisir de retrouver les héros de Graceling dans ce quatrième opus : Winterkeep. Nos héros évoluent et l’univers s’agrandit encore. Un petit régal.

WinterkeepRésumé : Garde-Hiver est une terre de merveilles : une république démocratique dont le ciel est parcouru de dirigeables, où les citoyens communiquent avec des créatures marines intelligentes et adoptent des renards télépathes comme animaux de compagnie. Cependant, lorsque les émissaires dépêchés là-bas par Bitterblue, la jeune reine de Monsea, se volatilisent ainsi que leur bateau dans des circonstances suspectes, celle-ci décide de se rendre sur place afin d’enquêter. Mais très vite, elle-même est portée disparue en mer…

Winterkeep

Auteur(s) : Kristin Cashore
Parution : 24/04/2024 chez Le livre de poche
Nombre de pages : 704
Prix : 22€90

C’est grâce au résumé de Winterkeep que j’ai eu envie de me lancer dans la saga Graceling. Chose que je ne regrette absolument pas, car j’ai passé un excellent moment dans cet univers riche et complexe. J’avoue cependant que je m’attendais à tout autre chose avec Winterkeep. Bien que Bitterblue soit nommé dans le pitch, je ne voyais pas forcément le roman comme une suite de la trilogie principale, plus comme un spin-off en quelque sorte. Je n’ai pas été déçue pour autant, loin de là, cela a même été une agréable surprise, car j’ai encore une fois passé un excellent moment dans cette lecture, et j’espère que Seasparrow sera dans la même lignée.

Je n’ai pourtant pas forcément apprécié ce qui arrive à nos héros. La captivité de Bitterblue, les sévices que subit Lovisa, Ferla et Benni, les intrigues politiques et la violence qui en découle… J’avais un peu l’impression de retrouver beaucoup d’éléments des précédents tomes et de voir un bis repetita. Je déteste, qui plus est, quand un héros subit encore et encore des drames. Mais là, c’est uniquement propre à moi, l’injustice a tendance à me hérisser le poil et quand cela touche des personnages que j’aime beaucoup, je vois vite rouge. La première partie de Winterkeep n’a donc pas été une partie de plaisir. C’est quand enfin les héros passent un certain cap que je me suis prise totalement au jeu. En soi, je pense que l’auteur voulait montrer que tous les pays ont les mêmes problèmes, quelles que soient leurs avancées technologiques, leur façon de gouverner, leur culture, leur éducation… Il y aura toujours de personnes cupides et mal intentionnées, des dérives de technologie menant à des armes de guerre, du profit quitte à piétiner son voisin, la destruction de l’environnement… L’herbe n’est jamais réellement plus verte ailleurs si l’on creuse un peu. Avec Garde-Hiver, en plus, on voit une critique du commerce et des partis politiques. C’est un ajout à l’univers qui globalise tout ce qui ne va pas dans notre monde, et un parallèle que j’ai trouvé intéressant.

Nos héros critiquent eux-mêmes le système, et ont des réflexions qui là encore méritent d’être creusées. La saga n’a pas vocation à changer le monde, j’entends bien, mais il y a de nombreux éléments qui soulèvent des questions et qui font réagir. J’ai notamment adoré les moments où il y a des remises en question. Pourquoi ? Une question simple qui s’applique à tout et pourtant quand notamment Lovisa, la plus jeune protagoniste du roman se demande pourquoi ses parents agissent ainsi, pourquoi son gouvernement ne pense qu’à lui, pourquoi la technologie n’appartient qu’aux riches, pourquoi, pourquoi, pourquoi… on sent enfin que quelque chose est sur le point de basculer. Si j’ai trouvé les trois premiers tomes très féministes, Winterkeep, qui l’est aussi, lui est plus ancré dans des considérations globales. L’univers est imaginaire, mais on y retrouve énormément de choses qui parlent à chacun de nous, ici et maintenant.

L’intrigue principale, elle, a plus l’aspect d’une enquête, et bien entendu, j’ai adoré. Qui a tué les deux émissaires de Bitterblue, et pourquoi ? Qui l’a kidnappée ? Que cache Ferla et Benni ? Et la mystérieuse hôtesse de la délégation monséenne ? Très étrange et qui elle aussi a tant de secrets… C’est un nid de vipères. Entre la douleur de nos héros face à la disparition de leur reine et la recherche de vérité, il y a un côté un peu anxiogène et paranoïaque qui s’installe. Tant de coupables potentiels… A qui peut-on se fier ? C’est prenant, rien à redire là-dessus avec encore une fois un bon travail psychologique. On comprend les personnages et c’est là encore un point que j’aime énormément.

Lovisa a eu du mal à gagner mon coeur. Elle se montre imbue d’elle-même, méprisante et hautaine. Une petite fille gâtée et riche. Elle n’a pourtant pas eu une vie facile avec une mère violente et manipulatrice, mais cela ne fait pas tout. J’ai eu du mal à m’attacher même en comprenant au fur et à mesure qui elle était. Elle avait une amplitude d’évolution assez conséquente et l’auteure s’en sert intelligemment je trouve, mais, elle ne bascule jamais dans la catégorie personnage attachant. Même si elle prend conscience de beaucoup de choses, il y a toujours ce petit quelque chose qui fait qu’on a plutôt envie de la mettre avec les pestes de service. Bitterblue, Hava et Giddon ont par contre été à la hauteur de mes espérances. A travers tout ce qu’ils vivent dans Winterkeep, eux aussi grandissent et se redécouvrent en quelque sorte. La romance que j’attendais tant se concrétise et j’ai particulièrement aimé les passages où Bitterblue et Giddon avaient des discussions avec l’autre sans qu’il soit présent (je ne suis probablement pas claire…), un peu comme si l’on se demandait « que ferait il/elle dans cette situation ? ». Cela montre combien ils se connaissent et aussi ce qu’ils s’apportent mutuellement depuis des années. Hava est plus présente aussi et c’est un personnage que j’ai hâte de voir prendre les rênes. Sa relation avec Giddon était adorable et l’on voit combien l’espionne s’est très bien intégrée à sa nouvelle vie. Sa psychologie est d’ailleurs un petit régal. Effrontée à souhait.

Winterkeep a ses défauts, je ne le nie pas, mais l’ensemble fait qu’on arrive sans aucun mal à se prendre au jeu. J’ai beaucoup aimé les considérations derrière l’intrigue principale, l’évolution des personnages, le traitement psychologique également. L’humour était bien plus présent (je ne vais pas me remettre de cette histoire de chatons !) et je trouve que c’était une bonne chose surtout vue les événements. Cela permettait d’avoir des petites bouffées d’air frais et de ne pas rendre le roman trop sombre. L’expansion de l’univers est aussi très bien gérée et j’aime bien l’idée que le monde de nos héros se rapproche de plus en plus du nôtre.

Mes chroniques des autres tomes de Graceling : ici

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