The once and future witches est un récit poignant sur la lutte des femmes, l’importance de notre héritage et surtout plein d’espoir.
Résumé : Avant, quand l’air était si imprégné de magie qu’il laissait un goût de cendres sur la langue, les sorcières étaient féroces et intrépides, la magie flamboyait et la nuit leur appartenait. Ce temps n’est plus, les hommes ont dressé des bûchers, et les femmes ont appris à se taire, à dissimuler ce qui leur restait de magie dans des comptines, des formules à deux sous et des contes de bonne femme. Mais la vraie sorcellerie n’a besoin que de trois choses pour renaître : la volonté de l’écouter, les vers pour lui parler, et les voies pour la laisser pénétrer le monde. Car tout ce qui est important va par trois. Ainsi des sœurs Eastwood : Bella, Agnès et Genièvre. Mues par la colère, la peur… et une pulsation écarlate qui ne demande qu’à revivre, des dons qu’elles découvrent peu à peu. Il suffit pour cela de s’unir, et d’y croire, de traquer tous les interstices où elle se dissimule. Car la magie, c’est d’abord penser que chacun est libre d’agir, même si le mal rôde. Le temps des Sorcières pourrait alors bien revenir, pour notre plus grand bénéfice à tous, hommes et femmes.
Parution : 13/10/2020 chez Orbit
Nombre de pages : 528
Prix : 18,00 €
Lu en VO – Sortit en français sous le nom Le temps des sorcières
Voulant revenir à mes bonnes habitudes de lire au moins un roman en anglais par mois, j’ai (enfin) jeté mon dévolu sur The once and future witches. Il était dans ma bibliothèque depuis un petit moment déjà, et bien que le titre laissait présager que l’histoire allait parler de sorcellerie, je n’ai pas sauté le pas… Enfin, jusqu’à cette semaine. Et j’ai bien fait d’enfin le sortir de la pile à lire, car j’ai passé un très très bon moment avec June, Bella et Agnes.
The once and future witches bien que se déroulant en 1893 fait encore (malheureusement) écho à notre époque. Alix E. Harrow a choisi la sorcellerie comme angle d’attaque, mais ne nous conte pas une histoire de sorcières comme on pourrait s’y attendre. Elle soulève le voile de la condition de la femme au sein de nos sociétés et cela depuis la nuit des temps. Féministe sans pour autant rentrer dans un endoctrinement, le roman est pour moi, avant tout, l’histoire de trois soeurs séparées par des circonstances douloureuses qui se retrouvent et vont devoir choisir leur voie.
Il y a bien entendu une part de fantaisie, accentuée par de courtes histoires ou contes que les protagonistes ont pu entendre dans leur enfance. Mais encore une fois, c’est un fil conducteur, un moyen de parler de quelque chose de bien plus vaste. Le pouvoir des mots, le savoir que l’on se transmet, les choix que l’on va faire pour notre futur et celui de nos enfants. Oui, il y a des sorts, des incantations, des manifestations magiques, mais avant tout, c’est un combat qui se livre devant nous. Des femmes qui ne veulent plus vivre dans la peur. Je n’aime pas réellement le mot émancipation… car au final c’est bien plus primaire que cela : ces femmes veulent juste vivre.
Alix E. Harrow nous présente une palette de femmes : la soumise qui voit en l’homme un dieu, celle qui baisse la tête pour éviter le pire, celle qui voudrait se battre, mais qui n’en a pas les moyens, celle qui se bat dans l’ombre, celle qui pense qu’il n’y a aucune issue, ou encore celle emplie de rage qui est prête à tout pour un changement. Certaines des héroïnes passeront d’un état à un autre, mais toujours avec ce réalisme et cette pudeur. Nous n’avons parfois pas le choix. Il n’y a pas non plus de honte à choisir un état d’esprit plutôt qu’un autre. Nous avons tous nos limites ou des entraves. The once and future witches fait écho aussi au mouvement des suffragettes et le parallèle entre les deux rend l’histoire encore plus intéressante. Les soeurs Eastwood ne veulent pas brimer les hommes, elles veulent ne plus subir leur joug.
Les trois soeurs ont bien entendu une place très importante dans ce combat. Tour à tour, elles sont les narratrices de l’histoire et voir les différents événements à travers leurs yeux donne encore plus de poids à l’univers. June la sauvage, Bella la sage, Agnes la courageuse. Trois femmes, trois destins, un amour fraternel vibrant, une envie de vivre leurs vies et de liberté. Elles sont attachantes et en même temps parfois, on a l’impression qu’elles cherchent à faire fuir le lecteur. Des personnages entiers et vrais en qui l’on peut se reconnaître aisément.
La fin de The once and future witches est à l’image du roman : combative. Elle mêle fantaisie et réalisme, ne se veut pas utopique bien au contraire, mais pleine d’espoir quand même. C’est un équilibre tenu tout au long du roman qui rend cette lecture vraiment spéciale. Je suis vraiment contente d’avoir pu le découvrir, et j’ai hâte de voir ce que l’auteur nous réserve pour de prochaines histoires.
PS : Je tiens à ajouter que Alix E. Harrow n’a pas écrit un roman contre les hommes. Certains sont dépeints comme des êtres cruels et abjects, mais d’autres se montrent attentionnés, attentifs, encourageants. Elle dépeint la société sous toutes ses coutures, l’ennemi étant la peur comme très souvent, plus qu’une partie de la population.
Couvertures VF et VO
Il est dans ma PAL et me tente encore plus après lecture de ton avis ainsi que d’autres. L’autrice a l’air de proposer un roman plein d’intelligence et une palette d’héroïnes variées que l’on prend plaisir à suivre.
Tu résumes très bien ce que l’auteur a réussi à faire :)
Quelle merveilleuse chronique pour une merveilleuse lecture !
J’ai vraiment été étonné mais ravi par la construction de ce roman qui se veut autre qu’une simple histoire de sorcières.
Oh merci quel joli compliment :) Et oui, c’est plus qu’une histoire de sorcières, et au final même si c’était ce que j’attendais, j’ai trouvé que c’était un choix judicieux.