Malgré un début très (trop) long, The Devil Makes Three a été une agréable surprise. Deux héros attachants et humains qui font face à différents deuils et un démon plutôt effrayant.
Résumé : When Tess and Eliot stumble upon an ancient book hidden in a secret tunnel beneath their school library, they accidentally release a devil from his book-bound prison, and he’ll stop at nothing to stay free. He’ll manipulate all the ink in the library books to do his bidding, he’ll murder in the stacks, and he’ll bleed into every inch of Tess’s life until his freedom is permanent.
Forced to work together, Tess and Eliot have to find a way to re-trap the devil before he kills everyone they know and love, including, increasingly, each other. And compared to what the devil has in store for them, school stress suddenly doesn’t seem so bad after all.
Mon avis : J’arrive toujours à tenir ma résolution de « une lecture en anglais par mois », et pour octobre, j’ai décidé de me lancer dans The Devil Makes Three. Ce one-shot me faisait envie depuis que je l’avais reçu via ma box illumicrate, j’ai donc sauté le pas. Librairie ? Démon ? Halloween qui approche… Parfait pour se mettre dans l’ambiance.
Encore une fois, je n’avais pas lu le résumé en détail. Grosso modo, je savais que deux adolescents allaient réveiller un démon et devoir en subir les conséquences. Et c’était tout à fait suffisant pour moi. Il ne m’en a pas fallu plus pour me convaincre. Les démons ne sont pas trop monnaie courante dans le fantastique (comparées à d’autres créatures du folklore) et si en plus l’auteur décide de ne pas y mêler la religion, je suis très très preneuse. Je ne saurai pas dire exactement pourquoi… peut-être parce que souvent, ces démons réveillent le pire ne nous et qu’il faut surmonter cela pour les vaincre. Pas de super-pouvoirs, juste la capacité d’aller au-delà de soi-même. Un côté plus humain dans le traitement qui résonne donc plus facilement. D’autant plus qu’ici, Tori Bovalino donne de la consistance à son « diable » en faisant vraiment un troisième personnage qui s’immisce doucement dans le récit et de façon originale et glaçante.
Le problème, c’est qu’il faut bien attendre cent cinquante pages pour que les choses bougent réellement dans The Devil Makes Three. Et c’est long pour un roman de moins de quatre cents pages. J’ai donc moyennement accroché à cause de cette lenteur, sans pour autant y perdre de l’intérêt, mais clairement Tori Bovalino a raté le coche avec moi. Développer ses personnages est important mais pas au détriment de l’histoire. Et ici, on apprend à connaître très très bien Tess et Eliot, peut-être trop. Les deux adolescents qui n’ont pas eu une vie facile sont pourtant très attachants, et cela dès le départ. Un peu paradoxal, je vous l’accorde. Mais ce n’est pas forcément eux, en tant que tels, mais plus le fait que l’auteur « rabâche » certains sentiments et mises en situation qui ne font pas avancer les choses, n’aident pas à la construction des héros, et donnent aussi un côté pathos trop exacerbé. Tess a dû faire des sacrifices à cause de ses parents trop naïfs et s’occuper de sa petite soeur, quitte à oublier ses rêves. Eliot, lui, a une relation conflictuelle avec son père alors que sa mère est mourante. Deux deuils qui a dix-sept ans n’ont rien de facile.
Et pourtant, comme je le disais, j’ai tout de suite aimé Tess et Eliot. Leur psychologie, leur façon d’être, leur complémentarité. Tess a quelque chose de froid, de pragmatique. Elle a dû s’endurcir mais elle n’en reste pas au moins humaine. Eliot est plus rêveur, plus sensible. Sa mère est tout son univers et la sentir glisser entre ses mains est la pire des choses. L’une doit avoir deux jobs pour subvenir à ses besoins, l’autre est d’un milieu aisé. Tous les opposent et pourtant leur rencontre a quelque chose de spéciale. Les voir évoluer au fur et à mesure, apprendre à se connaître et à se dévoiler étaient pour moi la partie la plus intéressante. L’un comme l’autre a besoin d’une échappatoire et seuls cela semble insurmontable. Et franchement, le travail de l’auteur a ce niveau-là était génial. Ma lecture a été sauvé par ses deux héros.
Il y a bien sûr aussi notre démon. Son éveil et son influence se font progressivement. On y retrouve le côté insidieux de ces créatures, la recherche de possession et de manipulation. L’horreur monte crescendo, et l’ambiance devient clairement angoissante vers le dernier quart du roman. La perte d’espoir comme la lutte, physique et psychologique, sont très bien menées également. le démon a aussi une histoire, de la consistance. On apprend à le découvrir, à comprendre son fonctionnement. Il n’est pas seulement le méchant de The Devil Makes Three. Il incarne l’envie au-delà même des rêves. Mais lui aussi désire quelque chose.
La lutte est prenante d’autant plus qu’elle rend les deux héros beaucoup plus actifs, et moins centrés sur leur problème. Il n’y a par contre pas tellement d’approfondissement sur certains points et j’ai trouvé que la conclusion était assez rapide. Loin d’être facile, mais elle avait quelque chose d’abrupte. Simple aussi en quelque sorte. Cela n’a pas gâché mon plaisir, vu que j’étais très prise dans ma lecture à ce moment-là, mais avec le recul… je trouve qu’il manque un petit quelque chose.
Une lecture donc pas réellement en demi-teinte car j’ai aimé suivre Tess et Eliot, mais dont les longueurs peuvent clairement faire décrocher. Parfait pour cette période propice à se faire peur, The Devil Makes Three a surtout réussi à me captiver grâce au travail sur les personnages, la relation que l’on voit se créer au fil de la lecture et la résilience de nos deux héros.