Meurtre sur les Champs-Élysées n’aura pas su me convaincre totalement. L’auteur se penche trop sur les états d’âme des héros au détriment de l’enquête. C’est dommage, car clairement les sujets abordés sont très intéressants.
Résumé : Paris, 1900. L’enquêteur Guillaume Devré défend les victimes réduites au silence. Il est en quête de justice, des grands boulevards fréquentés par le Tout-Paris, jusqu’aux chemins de traverse à Montmartre, en passant par l’ombre de la tour Eiffel et l’élégance luxuriante du Maxim’s. Quand la courtisane la plus célèbre de Paris devient la principale suspecte dans la mort d’un jeune homme riche, l’inspecteur Devré est attiré malgré lui dans les petits salons somptueux et vers la haute société pleine d’esprit. Alors que l’enquête se poursuit, il doit lutter contre la presse assoiffée de sang et le comportement outrageant de sa suspecte… ainsi que contre ses propres préjugés et ses besoins insatisfaits.
Parution : 04/12/2019 chez Reines-Beaux
Nombre de pages : 378
Prix : 18€
Cela faisait un petit moment que je ne n’avais pas lu un roman de style policier, et je voulais un peu m’éloigner de la fantaisie et du fantastique. Meurtre sur les Champs-Élysées était depuis un moment dans ma pile à lire et je me suis que c’était l’occasion parfaite de le sortir enfin.
Dans l’ensemble, Meurtre sur les Champs-Élysées a été une lecture que je qualifierai de sympathique. Elle ne restera pas dans les mémoires, même si le roman a plusieurs qualités qui font qu’il sort de l’ordinaire. Mais cela n’aura pas suffi pour moi. L’enquête ne m’a pas transportée. Elle est assez lente, en partie parce que nous suivons deux personnages et donc deux points de vue, et elle n’a pas eu ce petit quelque chose d’émoustillant. Les états d’âme des deux héros, bien qu’intéressants, sabotent à certains moments la dynamique. On nous vend aussi le héros comme un fin limier qui ne s’arrête pas à l’évidence et pourtant à plusieurs reprises, c’est ce qu’il fait alors que les preuves ne sont pas là. Quant au meurtrier… j’ai trouvé la solution assez facile et le coupable manque de développement.
Cependant, Meurtre sur les Champs-Élysées a d’autres atouts. Déjà les personnages. Il est facile de s’attacher à Guillaume, Lucie et Jackson. Des héros riches avec chacun une particularité qui font d’eux des êtres à part. Guillaume est un inspecteur très compétent qui a un sens du détail et qui ne se focalise pas sur les premières impressions. Lucie est une courtisane de luxe. Une femme émancipée qui veut vivre sa vie comme elle l’entend et qui ne veut pas d’un homme pour la posséder. Jackson est un médecin légiste américain très doué, mais aux manières rustres. Un trio qui fonctionne et l’on sent vite tout le potentiel qu’ils pourraient avoir dans de prochaines enquêtent. Un fait qui pourrait me tenter si un tome deux sortait un jour.
Alex Mandon utilise aussi des éléments que je trouve super intéressants. On voit aussi qu’il y a eu un temps de recherche vis-à-vis de l’époque, le Paris de 1900, alors que l’auteur est américain (je n’ai pas pu savoir si c’était une femme ou un homme, très peu de détails circulent sur Alex). Je trouve toujours super de voir une part de réalisme dans ce genre de romans. L’auteur traite donc des courtisanes. Des femmes offrant leur compagnie et parfois leurs corps en toute légalité. Un univers que j’ai peu exploré et je trouve que l’auteur les dépeint d’une façon neutre, sans jugement, mettant même en avant leur soif de liberté. Il y a aussi la sexualité. L’homosexualité était un péché, une déviance qui pouvait vous conduire à la prison, voire pire. L’un des protagonistes l’est. On y voit combien sa vie est dangereuse, en un sens, marchant sur une ligne fine qu’il ne faut pas franchir. La solitude, l’angoisse et pourtant ce désir d’avoir une vie heureuse. C’est déchirant, mais explorer ce côté-là de l’histoire donne clairement une autre dimension au roman.
L’enquête navigue donc dans ces deux univers, tout en récoltant des indices par-ci, par-là. La vie privée des héros prend parfois le dessus, ce qui permettra une suite avec plus de développement, j’en suis certaine, mais qui ici freine l’intrigue. Je me suis sentie ballottée, revenant parfois au point zéro, mais ne voyant pas se dessiner quelque chose de concret. On se focalise même sur un coupable qui n’est pas du tout crédible durant tout le processus, tout en pointant du doigt un comportement malsain d’un autre personnage, mais ne fouillant pas cette hypothèse. Une petite déception donc à ce niveau-là.
Malgré ton bémol sur le part trop importante consacrée aux états d’âme des personnages, tu mets en avant d’autres atouts, notamment une certaine volonté d’authenticité historique ou au moins de coller à l’époque qui me plaît bien :)
Oui, il y a de très bonnes choses dans le roman, et je me dis que c’est aussi un 1er tome, donc peut-être un choix de l’auteur de s’attarder sur ses personnages au début :)