Une conclusion à la hauteur pour Les Rokesby avec une romance que j’ai trouvée très moderne pour l’époque et extrêmement sympathique.
Résumé : Étudiant à la faculté de médecine d’Édimbourg, Nicholas Rokesby est appelé d’urgence dans le Kent par son père, qui lui intime d’épouser sa filleule Georgiana, compromise par un scélérat coureur de dot. Nicholas est mortifé. Il veut poursuivre ses études, pas convoler en justes noces. Et surtout… Georgiana est une soeur pour lui ! Hélas, en 1794, on ne plaisante pas avec l’honneur des dames, et le jeune homme a le sens du devoir. C’est donc avec sa jeune épouse qu’il revient en Écosse : Georgiana, si jolie, si fantasque, si exaspérante parfois, mais si désirable tout à coup…
Parution : 04/11/2020 chez J’ai lu
Nombre de pages : 342
Prix : 5€99 (ebook)
Une petite appréhension en commençant ce quatrième et dernier tome des Rokesby. Nicholas est le protagoniste principal, et c’est à peine si l’on a pu le découvrir précédemment. Il fait bien une brève apparition dans L’autre Mlle Bridgerton, mais pas assez pour que l’on ait une idée de qui il est. Georgie, elle, avait déjà plus de poids. Vous allez me dire que c’était aussi le cas de George et Billie dans À cause de Mlle Bridgerton… mais quand on a beaucoup aimé une saga, on veut que le dernier volume soit aussi à la hauteur. Non pas que j’ai une confiance aveugle en Julia Quinn, mais les faux pas, cela peut arriver.
Fort heureusement, comme l’indique ma note, j’ai également passé un excellent moment avec les petits derniers de la famille. Nicholas s’est montré d’une originalité rafraichissante, et Georgie Rokesby a su briller remarquablement, alors qu’elle nous avait plutôt été présentée comme la petite soeur un peu enquiquinante jusqu’à présent. On voit d’ailleurs que Julia Quinn prend plaisir à parler de sa presque carrière en médecine en faisant des deux héros des férus de cette science. C’est plutôt moderne comme approche que ce soit pour l’époque, le genre et le milieu social des héros. Donc que de bonnes surprises pour cette lecture. Si l’on ajoute en plus à cela la présence d’Edmund et Violet, accompagnés des petits Anthony et Benedict, c’était vraiment le tome à lire de cette quadrilogie. Je vois mal l’auteure écrire un tome sur les célèbres parents Bridgerton, trop de pression et je me dis que rien ne pourra être à la hauteur de ce que les lecteurs ont en tête, donc ce petit clin d’oeil était juste parfait.
Mais revenons un peu à Nicholas et Georgie. Comme à l’accoutumée avec Julia Quinn, sa romance se veut féministe, et ici on traite de deux sujets. Déjà, la réputation des femmes… qui peut voler en éclats si vous passez ne serait-ce que 2 secondes avec un homme célibataire sans surveillance… Rien que de l’écrire, ça m’agace au plus haut point… et notre pauvre Georgie en paye les frais alors qu’elle est pourtant la victime de l’histoire. Et elle s’en insurge haut et fort (et elle a bien raison). Bien que sa famille soit ouverte d’esprit et surtout de son côté, il n’en reste pas moins que l’on voit combien la société a si peu de considération pour la femme, qui n’existe pas sans un homme au-dessus d’elle, mais aussi combien elle est avide de ce genre de scandale pour en faire ses choux gras. Et tant pis si la jeune femme est innocente. On se retrouve malheureusement face à cette situation, même de nos jours… le fait cependant de le mettre plus en avant ici était intéressant. L’auteure en a déjà parlé à plusieurs reprises, mais c’est un fait tellement rageant qu’il est bien de martelé son injustice. Et l’on en découle « facilement » avec le deuxième point qui est l’exclusion des femmes vis-à-vis de l’enseignement. Billie avait un peu ouvert la voie face à sa maîtrise de la gestion du domaine de son père, mais avec Georgie, on s’attaque à la médecine et à la condescendance de ces messieurs. Heureusement, Nicholas comme tous les héros de Julia Quinn est un homme de bon sens, et la curiosité de sa promise est pour lui une source d’admiration et de fierté. Il va même aller jusqu’à assouvir le besoin de connaissance de Georgie, et pour cela, on lui dit merci.
Cette romance d’ailleurs que l’on pourrait classer dans le friends to lovers a une touche de modernité qui était très, très plaisante. Déjà pour ce que j’ai soulevé juste avant, mais aussi par la façon de voir les choses de Nicholas. Il s’affranchit de pas mal de choses vis-à-vis de son rang social et c’est plutôt sympathique. Il est fier de sa femme, lui laisse prendre des initiatives, la félicite même quand elle prend les devants. On ne va pas se mentir, il y a plein de petites choses qui nous rappellent l’époque, mais lorsque la romance prend le dessus, on a l’impression d’avoir fait un bon dans le temps. Nos deux héros sont aussi sur un pied d’égalité concernant un aspect de la romance, et là encore : une nouveauté qui a du charme. ll est même drôle de voir que c’est Georgie qui pour le coup est désappointée ! Non vraiment ce dernier tome joue sur des éléments qui change et ce fut un réel plaisir. Et puis nos deux héros sont adorables à souhait ce qui ne gâche rien, bien au contraire.
Une conclusion pour la famille Rokesby qui est à la hauteur autant pour son côté original que pour sa romance douce et progressive. C’est également un schéma qui n’est pas prédominant chez l’auteure et j’avoue que même si ce n’est pas mon préféré, il est traité de manière vraiment intéressante, surtout vis-à-vis de la condition de la femme dans la société. Une vraie bouffée d’air frais et cela fait un bien fou. J’espère que les autres romans de Julia Quinn qui me restent à lire seront tout aussi bien.
Ma chronique du tome précédent des Rokesby : ici