Malgré quelques longueurs et une héroïne à laquelle on a du mal à s’attacher, Les disparus de Blackmore n’en reste pas moins une très intéressante découverte.
Résumé : Octobre 1925. À Blackmore, une île coupée du monde au large de Guernesey, meurtres et disparitions sèment la terreur. Alors que la police piétine, Lorraine Chapelle, première femme diplômée de l’Institut de criminologie de Paris, est appelée en renfort. Cette cartésienne irréductible va devoir mener l’enquête aux côtés d’Edward Pierce, un Britannique spécialisé dans les sciences occultes qui se présente comme « détective de l’étrange ». Ensemble, ils affrontent les plus sombres secrets de Blackmore : les statues énigmatiques disséminées sur l’île, la rumeur d’un culte maléfique qui sévirait dans l’ombre, et ce vent lancinant, le murmure des brumes, qui ne cesse jamais. Entre mensonges et confidences, ce duo improbable devra démêler le vrai du faux dans une course contre la montre diabolique.
Parution : 23/02/2023 chez XO Editions
Nombre de pages : 519
Prix : 21€90
Ayant lu de nombreuses critiques plutôt élogieuses, et voulant changer de genre littéraire, je me suis plongée dans Les disparus de Blackmore de Henri Loevenbruck. Première lecture avec cet auteur, je n’aurais donc aucun point de comparaison avec ses autres romans, mais j’avoue qu’à part de nombreuses longueurs, j’ai plutôt aimé son style et que je vais regarder sa bibliographie de plus près.
J’ai eu un peu peur au tout début de ma lecture, je l’avoue. Je n’ai pas trop de chance dernièrement avec les romans que je choisis et je me voyais encore finir un roman en étant déçue. Difficile d’accrocher au personnage de Lorraine, l’une de nos héroïnes et enquêtrice, et les choses se mettent en place très doucement. Mais l’arrivée d’Edward, notre second héros, change tout de même bien la donne. Et après quelques chapitres, j’ai pu enfin respirer.
Comme je le disais dans mon introduction, il y a pour moi de très nombreuses longueurs, notamment dans des explications que j’ai trouvées un peu superflues, et des descriptions à rallonge (mais vous le savez, je ne suis de base pas très fan du procédé quelle que soit l’histoire). Dans un roman policier, j’avoue que c’est le genre de choses que je trouve dommage, surtout quand cela ne nous aide pas à comprendre les crimes sur lesquels enquêtent les héros. En plus d’alourdir le récit, il y a un manque de dynamique. Fort heureusement, Henri Loevenbruck utilise un procédé qui ravive la curiosité à savoir finir très souvent ses chapitres avec un élément qui pousse le lecteur à poursuivre (un nouvel indice, une question en suspens, un autre crime…).
Mis à part cela, j’ai passé un très bon moment avec Les disparus de Blackmore. Et bien que Lorraine ne m’a pas été très sympathique au départ, ce sont nos deux héros qui pour moi sont le gros point fort de ce roman. Edward et Lorraine forment en effet un duo improbable, touchant, avec un vocabulaire très fleuri et une relation assez incroyable où chacun se lance des piques avec humour et grande amitié. Leurs caractères sont aussi très complémentaires et ils se poussent l’un l’autre à aller au-delà de leur limite. Leur affection est adorable comme la facilité qu’ils ont à s’ouvrir l’un à l’autre. La franchise tordante de Lorraine y étant pour beaucoup. Un personnage féminin qui manie le langage avec autant d’ingéniosité et qui n’a pas la langue de bois, j’avoue, c’est rafraichissant.
Concernant l’enquête, je me suis prise au jeu, même si dans le fond, j’ai eu l’impression d’avoir toutes les cartes en main bien trop tôt et une conclusion pourtant tardive. Oui, je sais, c’est un peu paradoxal. Le fait de se trouver sur une petite île où tout le monde se connaît donne une ambiance bien particulière. Les héros se sentent épiés, les secrets ont du mal à se révéler et les langues ne se délient pas facilement. Cette petite communauté en sait plus qu’elle ne veut bien le dire, et nos héros vont devoir prendre leur courage à deux mains pour trouver des indices. C’est d’autant plus palpitant quand les choses se corsent. Mais Edward et Lorraine trouvent aussi des alliés qui sont des plus intéressants.
Le fait de lier l’enquête à des cultes anciens, notamment celtes, était aussi quelque chose de très intéressant. J’ai beaucoup aimé cette immersion dans l’ésotérisme tout en gardant un pied dans la « réalité ». Cela impose une ouverture d’esprit et en même temps une recherche d’explications concrètes.
Quant à la fin, j’ai trouvé certains détails un peu abrupts et j’avoue que je m’attendais à quelque chose de moins brutal. Dans ce genre littéraire, on ne peut pas vraiment imaginer autre chose, mais je me suis dit : tout ça pour ça. C’est une bonne conclusion, ne vous y trompez pas, mais… un peu moins de violence aurait été tout aussi bien.
Les disparus de Blackmore a donc été une bonne découverte, en particulier pour ses deux héros. S’il y a une suite, car beaucoup d’éléments le laissent présager, je ne serais pas contre retrouver Lorraine et Edward dans une autre aventure, car le duo m’a vraiment marqué.
Je te rejoins complètement sur le duo plein de charme :)
J’espère qu’il y aura une suite :)