Est-ce qu’il vous arrive de vouloir aimer un roman, et finir par passer totalement à côté ? Ça a été le cas pour moi avec La vie invisible d’Addie Larue, et je suis tristesse.

Addie LarueRésumé : Une nuit de 1714, dans un moment de désespoir, une jeune femme avide de liberté scelle un pacte avec le diable. Mais si elle obtient le droit de vivre éternellement, en échange, personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. La voilà condamnée à traverser les âges comme un fantôme, incapable de raconter son histoire, aussitôt effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route.

Ainsi commence une vie extraordinaire, faite de découvertes et d’aventures stupéfiantes, qui la mènent pendant plusieurs siècles de rencontres en rencontres, toujours éphémères, dans plusieurs pays d’Europe d’abord, puis dans le monde entier. Jusqu’au jour où elle pénètre dans une petite librairie à New York : et là, pour la première fois en trois cents ans, l’homme derrière le comptoir la reconnaît. Quelle peut donc bien être la raison de ce miracle ? Est-ce un piège ou un incroyable coup de chance ?

Mon avis : J’aime beaucoup les oeuvres de Victoria Schwab, et La vie invisible d’Addie Larue était une oeuvre à part que j’avais vraiment envie de découvrir. J’étais donc très heureuse de voir que les Editions Lumen avaient obtenu les droits en France. J’en attendais beaucoup. Pour être franche, je m’attendais même à un coup de coeur. Mais comme très souvent quand on a trop d’attentes sur une lecture, on finit par être déçu. Et malheureusement, et je suis la première à en être triste, je me suis ennuyée. Je n’ai pas trouvé cette étincelle que j’espérais tant.

Le principe était pourtant alléchant. Suivre notre héroïne devenue immortelle suite à un pacte avec le Diable. Comment survivre dans un monde où personne ne se souvient de vous ? Comment passer à travers les âges avec cette solitude pesante ? Comment trouver encore la force de ne pas se rendre ? Je n’ose imaginer ce qu’Addie a dû ressentir. Ce combat de tous les jours face à sa condition, mais aussi face à Luc. Ne rien posséder, n’avoir aucune attache. Les choses que l’on se voit obligé de faire, celles à côté desquelles on passe… Et pourtant, Victoria Schwab ne nous dépeint pas un récit empli de tristesse. Addie est une battante. Et toute son histoire nous est narrée de façon exquise. Je n’ai absolument rien à redire au style de l’une de mes auteurs préférés.

Mais cela ne fait pas tout malheureusement. Je m’attendais à quelque chose de plus exaltant. Addie veut après tout découvrir le monde, vivre. Mais cela nous ne le voyons pas. Nous ne découvrons pas le monde et les époques à travers ses yeux. A chaque fois qu’elle « bouge » c’est à cause de Luc. Et je dis bien « à cause » et pas « grâce à ». Si au début cela est compréhensible, au fil des ans, elle n’a pas du tout ce côté téméraire qui devait la caractériser. On se cantonne en fait à ses relations amoureuses, et à ses tentatives de laisser une trace dans ce monde. Une preuve qu’elle a bien existé. Cette partie est sans doute la plus intéressante cependant. Pour moi, cette touche artistique qui suit son parcours est un fil conducteur que j’ai trouvé astucieux. Elle teste sa malédiction, elle essaye de contrer Luc. Sans compter que je suis très réceptive à l’art et que c’est quelque chose qu’on ne voit pas souvent dans du fantastique.

Quand Henry apparaît, j’avoue avoir eu de l’espoir. Je me suis dit, c’est l’élément déclencheur qui fera décoller l’histoire. Mais, même si son histoire et la romance m’ont touchée, j’ai encore senti cette distance et ce manque d’attachement. On ne comprend pas réellement Henry. Il est perdu, c’est certain, mais il y a trop de non-dits autour de lui, d’éléments cryptiques. Tout va trop vite, des questions restent en suspens. J’ai compris sa souffrance et en même temps, elle me laissait parfois de marbre. Tout le monde autour de lui voit combien il va mal parfois, mais personne ne fait la démarche de lui dire d’aller voir un psychologue, de passer des examens médicaux. Même pas ses meilleurs amis, ou bien sa soeur qui visiblement préfère lui donner de la drogue. Si j’ai bien saisi l’idée des parapluies roses…

Pour moi, La vie invisible d’Addie Larue a deux points qui font que l’histoire manque de « magie ». La malédiction de notre héroïne nous embarque dans un destin si étriqué dans ses possibilités qu’il est difficile de voir le personnage exploiter son immortalité. Très vite, on se rend compte qu’Addie ne peut que répéter ses journées, et lutter quotidiennement pour la moindre chose. Sa survie passe avant tout le reste. Et le pire est de la voir répéter parfois à quelques minutes d’intervalle des présentations. Deuxième point : le récit. En soi, ce n’est pas Addie que l’on suit, mais son histoire qu’elle narre à quelqu’un. Ce détachement fait qu’on ne peut pas réellement appréhender la jeune femme, aller plus en avant de sa psychologie. A aucun moment on sent le poids de son âge sur ses pensées, ses actions. Elle est comme une jeune adulte n’ayant pas vécu. Son récit est du point de vue psychologique celui du narrateur. Et clairement, cela m’a empêché de la comprendre et aussi de m’attacher à elle.

Son combat face à Luc est la partie qui relance la machine à de nombreuses reprises. Leur relation est étrange et mystérieuse. Pas assez traité en profondeur malheureusement, mais permet de voir autre chose, de passer de ce côté du Dieu malin voleur d’âmes. Les questionnements d’Addie sur les raisons de Luc, son attitude, son manque d’humanité étaient très intéressantes. Et il y avait de quoi creuser.
La fin est sans surprise. Impossible de s’imaginer après toute cette souffrance quelque chose de pétillant et gai. La vie invisible d’Addie Larue est après tout un combat. Elle m’a cependant laissé un goût amer. Un pied de nez, certes, mais en même temps, avec cette note de fausseté, d’un tour qui continuera cette spirale sans rien apporter à personne.

8 réponses à “La vie invisible d’Addie Larue

  1. C’est dommage, les aspects qui m’intéressaient le plus ont l’air un peu survolés :/
    Je ne sais pas si je le tenterais … je vais sans doute attendre de lire plus d’avis. ^^’ Merci pour ton retour en tout cas ! ^^

    1. Je sais qu’il y a aussi eu beaucoup de coups de coeur :) Pour moi c’est clairement le genre de roman où il faut se faire sa propre idée !

  2. Roooooh mince.
    Je suis un peu comme toi, j’aimerais bien lire ce livre mais j’ai des attentes assez élevées et j’ai peur de m’ennuyer ferme (j’avais adoré Vicious mais j’ai détesté Shades of magic donc en plus ma relation avec l’autrice est compliquée XD)
    Sur le même thème, j’ai lu une autre série que j’ai adoré (c’est une série jeunesse) : la carte des mille mondes avec un personnage que tout le monde oublie tout le temps ^^
    Kin

    1. Les attentes élevées c’est mortel ! Mais bon, je suis tout de même contente de l’avoir lu et de m’être fait ma propre idée. C’est horrible l’oubli je trouve. Mais je note La carte des mille mondes, je ne connais pas du tout.

    1. Mais non c’est pas futile :) La couverture est absolument magnifique ! Bien mieux que la VO et c’est assez rare pour le signaler.

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