La Chasseuse et l’Alchimiste est une romance pudique, maladroite et touchante teintée d’une touche de fantaisie.
Résumé : Le légendaire hala, créature mythique, a fait son apparition, et une grande chasse va s’organiser. Margaret en est sûre, si elle remporte cette chasse, sa mère Evelyn rentrera enfin à la maison. Mais même si elle n’a pas son pareil avec un fusil, Margaret doit trouver un alchimiste comme partenaire, c’est la règle. Wes n’est pas alchimiste, du moins pas encore. Il a été congédié par tous ses maîtres, et Evelyn représentait sa dernière chance. Quand il arrive au manoir, Margaret accepte qu’il y reste, à une condition : qu’il l’accompagne à la Chasse. Bien qu’ils forment une équipe improbable, Wes admire cette fille qui a survécu seule, dans cette maison branlante emplie de fantômes et de chagrin. Et quand bien même Wes sème le chaos dans sa vie bien ordonnée, Margaret comprend vite qu’il sait, lui aussi, ce que c’est que d’être un paria.
Alors que la Chasse approche, ils vont découvrir une magie noire susceptible de leur offrir la victoire… à condition de réussir à survivre jusque-là.
Parution : 01/03/2023 chez BigBang
Nombre de pages : 512
Prix : 26€90
Impossible de passer à côté de La chasseuse et l’alchimiste sur les réseaux depuis l’annonce de sa sortie, et pourtant j’hésitais à me lancer dans l’aventure. Et puis, les premiers avis sont tombés et j’ai été plus qu’intriguée.
Il n’a donc pas fallu beaucoup de temps avant que j’achète le roman, d’autant plus que l’objet livre est vraiment très joli. Je suis vraiment contente que depuis quelques années maintenant les maisons d’éditions françaises prennent exemple sur ce que peuvent faire les américaines et les anglaises : couverture rigide et dos soignés, tranches colorées notamment. De quoi joliment agrémenter nos bibliothèques.
Mais revenons à La chasseuse et l’alchimiste. J’ai vraiment beaucoup aimé, alors que pourtant, il n’y a au final pas beaucoup d’action et que l’histoire est plus centrée sur ses héros et leurs évolutions, ainsi que la romance. Je m’attendais, je l’avoue, à quelque chose de plus épique, surtout avec la chasse au hala dont il est question très tôt dans le roman. Mais Maggie et Wes, en plus d’être attachants dès le départ, sont vraiment des personnages que j’ai trouvés très bien travaillés. Leurs psychologies sont un atout indéniable et les suivre au fil des pages était un vrai plaisir.
L’autrice traite aussi de nombreux sujets, souvent difficiles, avec pudeur et force à la fois. Un petit coup de maître, car ce n’est pas quelque chose de facile. Pas de pathos, pas d’impression d’étouffement, ni d’en faire trop. Le racisme, l’acceptation de soi, la religion, le deuil la famille, la maltraitance psychologique, la dyslexie (même si elle n’est pas nommée) … Tant d’éléments contemporains que l’on appréhende facilement même si plus d’un siècle nous sépare de nos héros. Je ne vais pas entrer dans les détails, car je pense que je pourrais en parler pendant des heures, mais Allison Saft développe très bien ces sujets et nous montre toutes leurs facettes. Les victimes comme les bourreaux nous donnent leurs points de vue en quelque sorte. Et j’ai trouvé cela très intelligent.
Wes et Maggie restent cependant les deux points forts du roman. Le premier est solaire, beau parleur et plein de rêves. Il se cache derrière un masque qu’il a porté si longtemps qu’il n’arrive plus à vraiment savoir qui est le vrai Weston. Sa dyslexie est un handicap pour lui, car non comprise, mais il nous démontre combien il est volontaire et tout à fait capable. Et sa famille… que les Winters sont une famille formidable, pleine de vie et d’amour et d’acceptation. Un contraste douloureux avec Evelyn, que j’ai détesté du début à la fin. Une mère en deuil, certes, mais qui décidait de faire couler toute sa famille avec elle et qui a maltraité psychologiquement sa fille depuis si longtemps. Notre douce Maggie. Si forte et pourtant si fragile. Brisée au point de ne plus vouloir accepter l’affection des autres. Un bout de femme incroyable dont j’ai adoré ce côté froid tout en le détestant à la fois. Alors bien entendu, voir ces deux jeunes gens à peine sortis de l’adolescence apprendre à s’apprivoiser et aussi à se guérir mutuellement… c’était magnifique.
La chasse nous permet d’avoir un fil conducteur, mais alors que je pensais qu’elle serait au-devant de tout, elle reste assez en retrait. Je regrette un peu ce choix, surtout par le manque d’éléments autour du hala. J’aurais aimé en savoir plus, notamment vis-à-vis de son comportement avec Maggie. Et il y a aussi les murmures que nos héros entendent de temps à autre. Cette part de mystère qui n’est pas dérangeante en soi le reste tout au long du roman. Et j’avoue que quelques détails ou explications m’auraient bien plu.
Mais cela ne m’a pas empêché de beaucoup aimer cette romance pudique, maladroite, réelle, et qui touche par sa délicatesse. Le fait que l’autrice ait choisi de ne pas faire du sexe quelque chose de tabou était aussi très rafraichissant. Les homosexuels ne sont pas persécutés et s’intègrent parfaitement, du moins cela a été mon ressenti. Allison Saft ne voit pas pourquoi son héroïne ne devrait pas s’adonner au plaisir solitaire, et bien entendu avec deux jeunes gens dont les hormones sont un peu en folie, il y a des scènes plus intimes. Rien d’épicé, je les ai trouvées d’ailleurs délicates et en parfaite adéquation avec le reste du roman.
Quant à la fin, j’ai aimé l’idée d’une reconstruction et de cette page blanche qui s’offre aux héros. A nous d’imaginer ce qu’ils vont devenir et de croire qu’après tout ce qu’ils ont vécu, le bonheur est à portée de main. J’espère vraiment que le premier roman de Allison Saft sera aussi traduit, car ayant lu le résumé, il est plus que prometteur et s’il est aussi bien que La chasseuse et l’alchimiste, si ce n’est meilleur, ce serait un vrai plaisir de relire l’autrice.
Comme tu le sais, je partage complètement tes impressions et te félicite pour les avoir aussi bien exprimées.
Merci ;)
J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce roman dont la puissance des sentiments et la complexité des personnages principaux m’a chamboulé et ému.
Je peux tout à fait comprendre :) Il y a un réel travail sur la psychologie des personnages et j’ai vraiment apprécié ça.