Est-ce que je me lasse de l’Atelier des sorciers ? Absolument pas ! Un 9e tome encore très réussi et qui nous plonge un peu plus dans la noirceur de l’univers de Kamome Shirahama.
Résumé : Emportant chacune un objet magique de sa confection, Coco et ses amies partent pour l’île-cité d’Esrest, afin de participer à la Fête de la Nuit d’argent. Au milieu des stands et de la foule de visiteurs, la ville est plus animée que jamais. Il y flotte une atmosphère festive ! Mais parmi les convives se cachent aussi des invités indésirables. Sorciers, milice, nobles, sages… Beaucoup de forces se croisent et les contours de ce monde se dessinent peu à peu. Entre lumière et ténèbres, le rideau se lève enfin sur le grand festival des sorciers.
Parution : 03/11/2021 chez Pika
Nombre de pages : 160
Prix : 7€50
On ne déroge pas à la règle, ce neuvième tome de L’atelier des sorciers est encore une réussite. Si à première vue, la participation de notre petite troupe à la Fête de la nuit pouvait faire penser à un tome d’entre-deux, il n’en est rien. Les interrogations de Coco continuent de troubler la jeune fille mettant en avant les travers de la société, et de nouveaux ennemis pointent le bout de leur nez. De quoi donner du fil à retordre à nos héros.
Si dans sa première partie le tome neuf se montre plutôt sous un jour joyeux, on ne peut pas ignorer les ombres qui pèsent sur notre petit Coco. Depuis un certain temps maintenant, notre héroïne prend conscience de beaucoup de choses et cela lui pèse énormément. Pour une si jeune fillette, c’est un poids difficile à porter. Elle qui voyait en la magie un monde d’émerveillement, déchante maintenant. Elle comprend les règles qui lui sont imposées, car elle a appris depuis pourquoi elles existent, mais cela ne les rend pas plus supportables pour autant. S’il est difficile pour le lecteur de la voir souffrir ainsi, je trouve que le choix de Kamome Shirahama d’intégrer cette vision est très intéressant. Elle rend son monde plus tangible, plus adulte, plus réel. La magie n’est pas perfection et enchantement, loin de là.
Dans une optique plus plaisante, et pour alléger l’histoire sans en doute, la Fête de la nuit nous offre aussi un peu de magie. L’enthousiasme de nos jeunes sorcières est palpable, et il est agréable de ressentir de l’émerveillement et l’excitation dus à cette fête. Les inventions de nos héroïnes rendent aussi leur formation plus concrète. Outre le fait qu’elles peuvent aider les humains lors de dangers divers, elles sont aussi les créatrices d’objets qui peuvent rendre la vie de tous les jours plus facile ou plus joyeuse. Le fait d’explorer le côté bénéfique de la magie donne un contre-effet moins lugubre.
A contrario, et via la milice, nous voyons aussi des inventions ou des agissements liés à la magie qui la pervertissent. Kamome Shirahama en profite d’ailleurs pour « redorer » un peu notre ressenti vis-à-vis des sorciers « policiers » du monde magique. Il y a toujours une balance dans L’Atelier des sorciers et encore une fois, ces nuances sont quelque chose que j’apprécie vraiment. La mangaka ne voit pas ses personnages comme des êtres blancs ou noirs, elle exploite vraiment la psychologie de ces derniers pour nous montrer qu’il y a autant de noirceur que de lumière en chacun d’entre nous.
La seconde partie du tome entre intrigues politiques et rencontres de nouveaux ennemis nous plonge dans une ambiance plus sombre. Je pense que c’est quelque chose à laquelle nous devons de toute façon nous préparer plus nous allons avancer dans l’histoire. L’existence des sorciers est précaire. Les règles sont autant là pour protéger que pour restreindre. C’est un parallèle d’ailleurs très intéressant avec la science. L’atelier des sorciers, bien qu’étant dans un univers fantaisie, trouve énormément d’échos avec notre vie. Le fait que Kamome Shirahama ne se montre pas hypocrite en nous vendant exclusivement du rêve est bien entendu un des points forts de son manga.
Un tome qui mêle habilement beaucoup d’émotions et qui ne fait pas avancer l’intrigue liée à la Confrérie du Capuchon, mais qui offre encore une vision de ce monde plus riche et intrigante. De quoi clairement donner envie pour la suite.
Mes chroniques précédentes de L’atelier des sorciers : ici