La cité des damnés est donc le dernier tome de la première trilogie d’Edencity. Une très jolie réussite qui est à la hauteur des tomes précédents et qui va me permettre de poursuivre avec le tome 5 du coup (oui, je sais, je n’ai pas vraiment choisi de faire les choses comme il fallait !).
Résumé : Saralyn a dû obéir : l’Organisation lui a interdit les missions de terrain dans Edencity. Fini la traque des monstres qui menacent la cité des damnés. Mais Saralyn n’en abandonne pas pour autant sa quête d’identité. Avec la complicité secrète de Lorenzo, le patron des vampires, elle part à la recherche de ses souvenirs. Pour découvrir, enfin, qui elle est.
Mon avis : Encore un très bon tome, et j’ai hâte de replonger maintenant dans la série Alice Crane pour en apprendre davantage sur les différents personnages de cette première trilogie. Ce troisième volume laisse cependant sur sa faim, et j’avoue que le fait de savoir que Saralyn ne sera, à priori, plus la narratrice me chagrine un petit peu. Mais faisons confiance à l’auteur.
Nous retrouvons donc Saralyn juste après les événements qui ont conduit à sa « séparation » professionnel avec Gaspard. Ne plus avoir affaire au duo est un peu déstabilisant en premier lieu, puis on s’y fait rapidement. Il faut dire que notre héroïne a pas mal d’autres chats à fouetter. Au choix : sa transformation qui ne se passe pas bien, ses souvenirs qui sont toujours foireux, un tueur en série qui débarque, une guerre ouverte avec les vampires qui se prépare, Démétrius (le type est un problème à lui tout seul) et j’en passe…
Du coup, Gaspard… Il fait certes quelques apparitions mais je n’avais en fin de compte pas tellement « envie » de le revoir sur le devant de la scène. Entendons nous bien, j’aime assez le personnage… ou plutôt sa dynamique avec Saralyn parce que franchement, il est plus qu’abîmé (pour être polie). On prend conscience d’une certaine façon qu’il est brisé, et que sa façon de voir les choses est biaisé. Il se donne des excuses qui sont louables, en un sens, mais totalement à côté de la plaque, et soyons clairs immorales. Un parallèle pourtant très intéressant avec la famille Fara, dirigeante de l’Organisation. Ils ont aussi cette manière bien à eux de tourner la réalité et de se convaincre que leurs actes, parfois ignobles, sont justifiés pour le bien de tous. Des œillères gigantesques qui montrent qu’aucun d’eux n’a jamais remis en question quoique ce soit. Ecoeurant à de trop multiples niveaux à mon goût.
Car en fin de compte, tout est question de cette famille dans ce tome. Ils sont le commencement de tout et aussi ceux qui ont poursuivi cette guerre, fonçant dans le tas. Je ne dis pas que leurs intentions de départ ne sont pas louables. Mais ils ont tellement perdu en route. On assiste clairement à une sorte de secte religieuse qui avance tête baissée, se moquant des dommages collatéraux. Et Saralyn en est la preuve vivante. Découvrir son passé, car oui, enfin, nous avons toutes nos réponses, a été un soulagement comme une vraie torture. Un sentiment partagée par l’intéressée. Nous comprenons tout mais au bout du compte, j’aurais préféré ignorer certaines choses. Les horreurs se succèdent. Les Fara sont des monstres. Des monstres qui invectivent Saralyn d’avoir choisi sa propre famille : Lorenzo, Cal, Gaspard et même Démétrius. Mais ces « vrais » monstres, eux, ne se cachent pas. Saralyn sait qui ils sont, et franchement, les quatre hommes ont montré plus de gentillesse et de bonté à notre héroïne que tous les Fara réunis. Vous ne pouvez pas savoir combien je les déteste… Une bonne chose cependant face à cela. On choisit sa propre famille en grandissant et les liens du sang ne sont pas une fin en soi. J’aime ce côté-là.
Question personnages, Saralyn est encore une fois plaisante à suivre, et toujours attachante. Son amnésie est toujours traitée de façon subtile et nous voyons vraiment l’évolution de la jeune femme. Certains peuvent la trouver cruche ou empâter mais je trouve qu’elle colle parfaitement à ce qu’elle est. Démétrius reste fidèle à lui-même, sans trop de surprise. Lorenzo est un total amour et il est pour moi le personnage masculin que je préfère de la saga. Loin devant Gaspard. Gaspard, notre enfant perdu. Car oui, je n’arrive pas à le voir autrement. Je ne sais pas trop ce qui a pu lui arriver étant jeune, ou du moins, nous n’en savons pas beaucoup, mais j’ai l’impression que cela a vraiment mais vraiment perturbé le personnage. Au point où, il continue à agir comme un enfant sans réfléchir, agissant de façon impulsive. Une perte de charisme qui a un côté un peu touchant mais qui donne en même temps envie de le secouer comme un prunier.
Quant à Keryam… Je ne l’aime pas. Saralyn nous fait ressentir son antipathie pour le jeune homme très rapidement, et cela est contagieux. Cependant, bien qu’il soit détestable a bien des égards, il gagne sur deux points. Il a subi des choses impardonnables et il semble être d’une façon peut-être tordu du côté de Saralyn. Il est ce genre de personnage tellement ambigu que l’on arrive pas à se décider. Je ne pense pas vraiment arriver un jour à l’apprécier mais il a son rôle à jouer, alors autant lui donner une petite chance.
Truffé de révélations, ce troisième tome est donc palpitant autant qu’horrifiant. Il soulève cependant de nombreux points que j’ai trouvé vraiment plaisant. Que ce soit l’aveuglement « religieux », les choix que l’on fait par soi-même, les relations entre les personnages, le fait de croire en son instinct et d’agir en son âme et conscience… il y a un panel de choses qui font que l’on arrive à avoir bien plus sous les yeux qu’un simple roman fantastique. L’humain, si je puis dire, passe en premier plan et cela à mon plus grand plaisir.
La fin nous laisse sur une ouverture qui je l’espère trouvera sa conclusion dans Alice Crane. Je serais très déçue de ne pas avoir le fin mot de l’histoire, d’autant plus que je me suis beaucoup attaché à Saralyn. J’ai envie de voir la jeune femme enfin heureuse et libre. Je n’aurais peut-être pas cette chance, notre héroïne étant du genre à se sacrifier pour ceux qu’elle aime, mais je grade espoir.