Même si l’univers de Dans la vie des pantins ne m’a pas forcément plu, le roman est tout de même très réussi, poignant, délicat et pousse à la réflexion.
Résumé : Victor est le dernier humain vivant depuis que l’humanité a été éradiquée. Il partage la vie de trois robots : son « père » Giovanni, l’infirmière Ratched aux tendances sociopathes, mais au grand cœur, et Rambo, un petit aspirateur anxieux. Tous vivent en sécurité dans une maisonnette perchée dans un arbre. Leur vie parfaite bascule lorsque Victor ramène de la Casse un nouvel androïde qui alerte involontairement l’Autorité de l’endroit où se cache Giovanni. Ce dernier est capturé, puis transféré à la Ville des Rêves électriques. Pour le groupe d’amis, le temps presse. Ils doivent le retrouver avant qu’il soit reprogrammé et sa mémoire effacée. Mais bientôt, c’est l’existence même de Victor qui se trouve menacée…
Parution : 08/02/2024 chez DeSaxus
Nombre de pages : 480
Prix : 19€90
Quand il s’agit de T. J. Klune, je fonce les yeux fermés. La maison au milieu de la mer céruléenne et Sous la porte qui chuchote ont été des coups de coeur. J’aime beaucoup les ambiances que crée l’auteur et aussi les sujets qu’il aborde avec une délicatesse sans pareil. Quand Dans la vie des pantins est sorti, je n’ai pas cherché à comprendre, je me suis jetée dessus. Je ne savais pas trop de quoi il en retournait, juste que c’était une sorte de réécriture de Pinocchio, et dans l’ensemble j’ai passé un très bon moment, mais deux petites choses ont fait que je n’ai pas autant accroché qu’à ses autres romans.
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par les points « négatifs ». L’univers ou plutôt l’ambiance qui en a découlé. Bien qu’il n’y ait pas trop de violence à proprement parlé, j’ai tout de même ressenti une oppression constante. Je ne suis pas trop fan des histoires post-apocalypse, mais je m’en accommode sans mal. Sauf qu’ici, ce nous contre le reste du monde a fini par être émotionnellement épuisant. J’avais l’impression qu’où que nos héros aillent, ils étaient en danger constant. Et cela a rendu ma lecture anxiogène. Je pense que c’était le but de T. J. Klune, car cela colle parfaitement à l’univers, mais j’avais envie que nos héros trouvent de vrais alliés, des « gentils » pour que quelque part, il y ait une lueur d’espoir. Que tout ne repose pas sur leurs épaules. Deuxième point : Rambo… Alors oui, il est mignon, mais il est aussi très stupide. Et les personnages secondaires sont pour moi ultra importants, et quand l’un d’eux passe son temps à mettre les autres en danger parce qu’il a l’intelligence d’une amibe… ça m’agace profondément. Surtout qu’il n’apprend pas de ses erreurs et qu’une grande partie du roman est basé sur cet apprentissage des robots… Personnellement, je l’aurais lancé très très loin comme on le menace à plusieurs reprises dans l’histoire.
Voilà, c’est fait, j’ai vidé mon sac. Maintenant, ce que j’ai aimé dans Dans la vie des pantins. Notre héros, cela va sans dire. Victor est quelqu’un d’ordinaire si l’on peut dire. Il est intelligent, mais pas très costaud, n’arrive pas toujours à exprimer ce qu’il ressent, fait des crises de panique… Ce n’est pas un surhomme et pourtant de par sa condition, le seul survivant de l’espèce humaine, il en devient un être extraordinaire. Et il l’est. C’est homme bon, honnête, intègre qui vit à travers sa famille. Trois robots / androïdes qui l’ont vu grandir et qui ont développé à son contact des émotions. Impossible de ne pas aimer Victor. Sa maladresse, sa pudeur, c’est quelqu’un qu’on a envie de protéger et de chérir. Et quand il se retrouve au pied du mur, il n’hésite pas. Défier le monde entier pour sauver son père ? Oui, sans aucune hésitation, il fonce. Et c’est là toute sa force. Là où certains y verraient des défauts, moi j’y vois un être entier et pur qui a su faire de ses émotions quelque chose de très beau.
Ses relations avec Giovanni, son père, l’infirmière Ratched et Rambo sont aussi superbes à découvrir. Les dynamiques sont totalement différentes, mais on y retrouve le même amour. La patience de Giovanni était un baume au coeur, tout comme la franchise et le côté psychotique de Ratched étaient tordants à souhait. J’ai adoré ces deux personnages qui montrent une tout autre facette des robots. Bien entendu, il y a aussi Pat. Un peu stéréotypé, mais avec un héros comme Victor, j’ai aimé ce choix. Ce sont de vrais opposés, mais alors à tous les niveaux. C’est charmant et attendrissant aussi. Tout en douceur alors que pourtant, il y a tellement d’horreur derrière tout cela.
Dans la vie des pantins, outre le côté famille, il y a aussi cette réflexion sur l’intelligence artificielle. Exploitée de façon intelligente et à plusieurs niveaux aussi. Les machines que nous créons pourront-elles un jour penser par elles-mêmes et développer des émotions, des sentiments voire une conscience ? Sans rester dans la rationalité ou le calcul ? Un vaste sujet qui peut être effrayant, mais aussi très beau à voir. Dans tous les cas, le sujet est contemporain et hyper intéressant surtout avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle. La nature humaine est aussi mise en avant. Autant un fléau qui a conduit à sa perte qu’une merveille quand on voit ce que l’humanité peut accomplir, tout comme le corps humain si complexe et fragile. T. J. Klune met une nouvelle fois en avant des thèmes importants qui nous font réfléchir et toujours avec une pudeur et une délicatesse que j’adore.
Bien que l’univers du roman ne m’ait pas forcément plu, il n’en reste pas moins que Dans la vie des pantins est encore un roman réussi, poignant, délicat avec sa dose de réflexions. Même si certains points ne m’ont pas convaincue, l’auteur reste une valeur sûre pour moi, et j’ai hâte de découvrir notamment, la suite de la maison au milieu de la mer céruléenne avec grande impatience.
Je te rejoins, les personnages secondaires sont super importants. Bon, pourquoi pas lire ce roman mais ce sera plutôt si je tombe dessus à la médiathèque et que je n’ai rien trouvé d’autre à me mettre sous la dent (ça arrive ^^). Merci pour la découverte !
N’est-ce pas ! Et ça autant dans les livres que les films et séries. C’est dommage de les rendre, pour le coup, aussi désagréables.