Cool

Avec Cool, je sors carrément de ma zone de confort littéraire mais franchement, ayant adoré Savages, je me voyais mal passer à côté du prequel.

Résumé : Une graine. Tout commence avec une graine de cannabis. Venue d’Afghanistan dans les valises de Chon, membre des Forces spéciales de retour de mission, la voilà entre les mains magiques du botaniste Ben, qui la cultive à grande échelle. Aidé par Ophelia, leur atout séduction, le trio commence à dealer. Jackpot. Les dollars pleuvent. Et les cartels qui tiennent la Californie exigent leur part du gâteau.

Mon avis : Prequel de Savages, Cool est encore une fois un roman qui ne laisse pas de marbre avec un style percutant, sans détour, tout en restant dans les limites du politiquement correct. Pour informations, la lecture de Savages et de Cool peut se faire dans l’ordre de parution comme dans l’ordre chronologique sans aucun soucis.

Ayant lu Savages après la sortie du film et ayant adoré la plume de Don Winslow, je ne pouvais pas passer à côté de Cool. Le trio O, Chon et Ben me manquait et pouvoir découvrir les méandres ayant conduit au thriller déjanté était plus que tentant. Et je n’ai pas été déçue.

J’aime beaucoup le style de l’auteur. Je ne sais pas si ses autres romans sont construits de la même façon mais les chapitres courts, le côté vrai et sans chichi rendent tout de suite l’atmosphère palpitante, dans l’action, sur le qui vive. Quelque fois un peu borderline, il n’en reste pas moins que le récit est intelligent, bien mené, avec une complexité qui se fait de plus en plus sentir au fur et à mesure que l’on avance. Ce n’est pas seulement la genèse du trio de Savages que l’on découvre mais aussi celle de l’Association, une organisation qui a introduit le trafic de drogue à grande échelle à Laguna Beach.

Petit bémol, mais fortement compréhensible quant à la trame de l’histoire, O, Chon et Ben ne sont pas présents à cent pour-cent dans le roman. J’aurais aimé les voir beaucoup plus souvent même si encore une fois, je comprends pourquoi il y a ce manque. Je me suis, il faut le dire, beaucoup attaché à la dynamique du trio et au panel émotionnel qu’il y a autour d’eux. C’est presque symbiotique, même si on s’en rend vraiment compte dans Savages. Ces trois-là forment un tout, ni plus ni moins. Ils sont attachants, chacun à leur manière car très différents mais il est quasiment impensable de les imaginer les uns sans les autres. On a beau avoir en face de nous des dealers, soyons clair, ils ont des valeurs, une certaine morale qui font que c’est un fait qu’on arrive à « occulter ».

A contrario, le reste des personnages que l’on découvre… Les anciens que l’on voit dans Savages ne font pas tellement d’apparitions. Ils font le lien entre les deux tomes. Quant à l’Association… Je n’ai accroché à aucun. Une autre morale, une autre dynamique, des personnes qui foncièrement sont assez dans le glauque, le malsain, des truands de base dont l’appât du gain les mène au pire. Cependant, ils ont des liens avec O, Chon et Ben. Ils sont aussi la raison pour laquelle le trafic de drogue est celui qu’il est à Laguna. Voir cette mise en place et son évolution est très intéressant.

D’autant plus que Don Winslow a l’air de maîtriser son sujet. Je dis « à l’air » parce que n’y connaissant pas grand-chose, je ne voudrais pas m’avancer, mais on s’y croirait. Corruption, mafia, cartel, les systèmes de distribution, de cultures, guerre… Une immersion réelle ponctuée par des références de l’époque qui ajoutent au réalisme de l’histoire.

Un bref, encore un succès pour moi. Je pense sérieusement à explorer la bibliographie de Don Winslow plus en détail. On m’a d’ailleurs conseillé quelques uns de ses romans.