Ce que les corbeaux nous laissent est une histoire sur le deuil poignante, douloureuse, magnifique et puissante. Une découverte marquante.
Résumé : Dans les contrées normandes du IXe siècle, Tarik et Adalrik grandissent aux côtés de leur maman Galwinthe. Lorsque qu’Adalrik est assassiné, Tarik se mure dans le silence.Hanté par le fantôme de son frère, il grandit à la recherche d’une vengeance qu’il espère salvatrice. Noyant son chagrin dans l’alcool et les arnaques, il est convaincu que retrouver les coupables l’aidera à faire son deuil. Bercée par les croyances celtes et vikings, Galwinthe se réfugie dans l’étude de parchemins pour trouver comment guider Adalrik dans le royaume des morts. Ensemble, ils vont découvrir que le sort d’Adalrik était scellé depuis des années. Depuis un événement dramatique lié à Galwinthe…
Parution : 06/09/2024 chez Dupuis
Nombre de pages : 160
Prix : 19€90
Je vous avoue que je ne pensais pas autant aimer Ce que les corbeaux nous laissent. J’ai beaucoup de chance dernièrement avec mes lectures graphiques et j’en suis plus qu’heureuse. Et pourtant la bande dessinée de Sophie Leullier n’a rien de très gai, bien au contraire. Mais autant dans le texte que dans les illustrations, il y a une force qui se dégage et à laquelle on ne peut pas rester insensible.
Galwinthe est une sorcière en exil, vivant seule avec ces deux garçons Adalrik et Tarik. Leur vie est paisible, loin du tumulte de la ville. Mais le passé de cette mère si courageuse va basculer le jour où son passé la rattrape et où son fils aîné est assassiné. S’en suit une période douloureuse où les deux survivants font face au deuil, chacun à leur façon.
Le sujet n’était pas évident à traiter, mais Sophie Leullier s’en sort incroyablement bien. J’espère sincèrement d’ailleurs que cela lui est venu de son imagination et pas d’un drame personnel. Outre le drame brutal qui touche cette famille, c’est surtout la période de reconstruction que l’on va suivre, ou plus de destruction en ce qui concerne Tarik. Poignant et brutal, on voit combien la culpabilité, la cherche de sens, la vengeance peuvent parfois nous engloutir et nous tuer à petit feu. Incarnée par un spectre, toute cette négativité ronge le jeune adolescent qui ne vit plus que dans l’espoir de trouver les assassins de son frère et les tuer.
En tant que lecteurs, on ne peut que lui dire que c’est le mauvais chemin, mais qui sommes-nous pour juger cette peine qui semble engloutir le jeune homme ? Galwinthe a l’air de s’en sortir un peu mieux, mais quand on y regarde de plus près, on la voit plonger dans un travail et se couper du reste du monde. Une autre façon de faire son deuil. Et le cheminement que l’on va suivre pour le fils comme pour la mère ne se fera pas sans heurts. La douleur est présente, continuellement. Ils veulent la paix, mais ne la trouvent pas.
Ce que les corbeaux nous laissent aborde de nombreux sujets très douloureux. Le deuil, bien entendu, mais aussi la culpabilité, la honte, la parole des femmes qui ne vaut rien, l’alcoolisme, le viol… mais il y a également une part de lumière, un espoir dans la bonté d’un inconnu ou bien dans la droiture d’une personne. Rien n’est facile, mais avec cette bande dessinée, on y voit tout de même une lueur au bout du tunnel, et un amour qui est plus fort que tout.
Les dessins jouent bien entendu aussi leur rôle. J’ai beaucoup aimé le style de l’auteure fort, anguleux, très présent, mais aussi doux et solaire. De nombreuses émotions se dégagent des illustrations et font vivre cette histoire difficile et belle à la fois.
A n’en pas douter, je vais suivre de près les prochaines oeuvres de Sophie Leullier. Ce que les corbeaux nous laissent a su laisser sa marque et j’ai hâte de voir ce qu’elle va nous préparer par la suite.
Cette bd me fait tellement de l’œil.
Je ne peux que la conseiller, même si le thème est dur
Je l’avais repérée sans mesurer son impact. Les thèmes ont l’air difficiles mais abordés avec beaucoup de force.
Oui, il est pas évident à lire, mais j’ai trouvé le thème tellement bien abordé en pudeur et avec justesse