On change totalement de registre aujourd’hui avec Blackout Baby de Michel Moatti. Fini la littérature de jeunesse, place au thriller flippant ! La couverture met de toute façon le lecteur directement dans l’ambiance ;)
Résumé : Londres 1942 : profitant du couvre-feu, un tueur hante les rues de la ville. En quelques jours, il assassine et mutile quatre femmes. Son modus operandi interpelle Scotland Yard et la presse, qui le surnomme aussitôt le Blackout Ripper. Les messages qu’il laisse sur les scènes de crime, conçus comme des indices codés, imposent bientôt aux enquêteurs une piste inquiétante : le criminel semble s’inspirer des leçons du mage noir Aleister Crowley et de son manuscrit démoniaque, « Le Livre de la Loi ». Insaisissable, le tueur caché dans l’ombre du Blitz décide de s’attaquer aux enfants de Londres – ceux qui doivent être évacués lors de l’opération « Joueur de flûtes ». Mais il va trouver sur sa route une femme, Amelia Pritlowe, qui va faire de sa traque une affaire personnelle. Une enquête inspirée de faits et de personnages réels.
Mon avis : J’avais sélectionné Blackout baby lors d’un masse critique non pas grâce à sa couverture (qui est, disons le franchement, assez flippante) mais plutôt par certains points de son résumé. J’ai été intriguée par le fait que le roman soit tiré de faits réels (dont je n’avais jamais entendu parler), et surtout que l’intrigue soit liée d’une certaine manière au tristement célèbre Jack l’Éventreur. de plus, un thriller se passant en temps de guerre, ce n’est pas vraiment commun. J’avais donc envie de voir comment l’auteur allait réussir à mélanger tout cela.
Des les premières pages, nous connaissons l’identité du tueur. Le suspens ne réside donc pas dans cette information, mais plutôt dans le fait de savoir s’il va être attrapé et comment. Ce choix nous permet de comprendre et d’appréhender qui est Gordon Cummins, cet homme qui se croit au dessus de tout et qui voit les femmes comme des putains, ni plus ni moins. Il est détestable dès les premières lignes, puis devient un monstre ignoble et repoussant, contraste exacerbé par le fait que l’auteur nous le décrit comme un jeune homme séduisant et avenant. Je n’ai pas apprécié lire les passages dont il était le protagoniste, cependant, je les ai trouvés essentiels. Ne pas « comprendre » un tueur dans un thriller ou ne pas pouvoir appréhender ses motivations et pour moi inconcevable, surtout dans un thriller. On le voit donc évoluer au fil du roman, s’engluer dans sa folie et on se demande à chaque fois jusqu’où il sera capable d’aller. Blackout baby n’est pas terrifiant en soit, mais le roman possède aisément sa part d’horreur.
Fort heureusement, d’autres protagonistes nous permettent de sortir de cette folie. L’ex-inspecteur Dew, en charge de l’enquête, un homme assez énigmatique qu’on a du mal à cerner en fin de compte. Il est cependant une présence rassurante et apaisante durant tout le long du roman. Et Amelia Pritlowe, une infirmière qui se retrouve embrigadée dans cette histoire un peu malgré elle. Je dirais qu’elle a en quelque sorte le rôle d’héroïne. C’est une présence féminine forte, au passé lourd, mais qui est douce et ne recherche finalement que la paix. J’ai cependant, durant tout le livre, eu le sentiment qu’Amelia n’était pas un personnage complet. Certains détails la concernant manquaient cruellement. Toute son histoire avec Jack L’Éventreur était très présente, mais je ne parvenais pas à tout saisir. Je pense, si j’ai bien compris, que cela est dû au fait que Blackout Baby est une sorte de suite de Retour à Whitechapel. Si bien que le personnage étant déjà présent dans celui-ci, les détails que j’aurais aimé trouvés doivent être dans cet autre roman. Cela ne m’a pas empêché d’apprécier l’histoire cependant.
Parlons de l’histoire, d’ailleurs. Je l’ai trouvé lente à se mettre en place. Et ce sentiment ne se dissipe pas vraiment au fil de la lecture. Je ne me suis pas ennuyée, mais si vous cherchez de l’action, passez votre chemin. C’est un thriller psychologique. D’un tueur, de ses poursuivants, mais aussi des habitants de Londres. L’atmosphère du roman est assez surprenante, car on ressent vraiment l’ambiance étrange de cette période de guerre, ce que vivaient les gens restaient au pays, avec la peur constante d’être la cible de bombardements. Ils essayent toujours de vivre comme avant d’une certaine manière et c’est étrange de voir cela. La vie ne s’arrête pas avec la guerre. L’auteur dépeint d’ailleurs très bien la ville de Londres et ses habitants en cette période, j’avais vraiment l’impression d’y être.
La fin se fait en quelque sorte dans la précipitation, car le tueur va agir encore une fois et Amelia est déterminée à l’arrêter. L’adrénaline monte dans les dernières pages et jusqu’au bout, on se demande ce qu’il va se produire. C’est assez palpitant.
J’ai aussi beaucoup apprécié les notes de l’auteur concernant les faits réels qu’il a employé dans le roman. Une touche instructive, pour aussi comprendre ce qui était du domaine du romancé et du réel.
Un très bon moment de lecture, donc, grâce à Babelio et aux Editions HC. Je lirais très probablement Retour à Whitechapel car j’ai envie de voir si je peux en apprendre plus sur Amelia Pritlowe, et combler ce qu’il m’a manqué dans cette lecture.
Ah je ne connaissais pas du tout, mais effectivement, tant qu’à faire, il faut peut-être mieux découvrir le premier tome en premier :)
Oui, je pense qu’on y gagne beaucoup :) Je n’avais pas trop le choix et ça n’a pas non plus gâché ma lecture, mais je pense que j’aurais encore plus apprécié ma lecture dans ce sens ! ^^