Dissimulation est un tome plus mature, mais aussi ambivalent. Notre héros, Alex Verus, va devoir faire des choix et affronter réellement son destin.
Résumé : Alex Verus ne s’est jamais entendu avec le Conseil qui préside la communauté des magiciens. Mais alors que son ancien mentor est de retour en Angleterre, Alex a désespérément besoin d’alliés. Et il est prêt à tout pour en trouver, même si cela implique accepter une mission pour les Gardiens qui ont la tâche de faire appliquer la Loi magique. Alex forme une alliance improbable avec Caldera, sa nouvelle partenaire. Mais sa tentative de rentrer dans le rang se révèle dangereuse quand il se retrouve en possession d’un artefact que tout le monde convoite.
Parution : 09/10/2020 chez ANNE CARRIÈRE
Nombre de pages : 400
Prix : 20€
Ça y est… J’ai fini tous les tomes d’Alex Verus parus en France à ce jour. J’avoue que quitter l’univers et me plonger dans une autre lecture va être un petit peu bizarre, mais j’étais tellement bien dans le monde imaginé par Benedict Jacka que cela ne m’a absolument pas dérangé de lire les tomes deux à six dans la foulée. Et avec Dissimulation, j’ai encore plus apprécié le fait que l’on plonge dans la politique des Mages en entrant dans le coeur de la machine. Une idée intéressante qui est très bien exploitée, même si le lecteur ne doit pas s’attendre à de grandes révélations.
Alex doit choisir un camp et cela rapidement surtout depuis le retour de Richard. Mais entre la peste et le choléra difficile de se décider. Et pourtant notre devin choisit de rejoindre les Gardiens, la police des mages de la Lumière, plus pour se protéger et protéger les siens que par conviction. Encore une fois, rien n’est blanc ou noir. En s’associant à Caldera, une gardienne avec qui il a déjà travaillé, Alex s’aperçoit très vite que malgré toute la bonne volonté dont font preuve certains gardiens, les rouages politiques et les manigances entrent rapidement en jeu. C’est frustrant, autant pour le lecteur que pour notre héros. On voit depuis le début de la série une pléthore de crimes impunis… Et souvent des crimes commis par des mages de la Lumière, ces derniers ayant l’influence nécessaire pour que cela soit étouffé. Une injustice qui fait tout à fait écho à nos politiciens ou à certaines classes sociales et qui donnent un parallèle intéressant à exploiter. Et c’est vraiment cette idée dont j’ai le plus apprécié le développement. On voit combien chaque décision peut faire basculer un camp et que parfois, aucun choix n’est le bon. Une réflexion qui étoffe d’ailleurs encore plus la psychologie de notre héros.
Alex est d’ailleurs au centre de Dissimulation. On aperçoit à peine ses amis. Anne, Vari et Luna font de brèves apparitions, mais c’est tout. Cependant, on voit toujours combien le groupe est soudé et qu’une amitié solide les unit. Si Alex est sur la corde raide, ses soutiens sont bien présents et il n’hésite d’ailleurs plus autant à faire appel à leur aide. Clairement, le devin a évolué et il continue à apprendre sur lui-même et à s’ouvrir. C’est vraiment chouette de voir ainsi un personnage changer et mûrir, et cela même s’il a la trentaine. De grands défis vont encore se présenter à lui, mais on le sent beaucoup plus apte à faire face qu’au tout début.
Dans Dissimulation, même si l’on retrouve encore le grand schéma préféré de Benedict Jacka, il y a une immersion qui est plus profonde dans le monde des manges. Cela permet de masquer un peu cette redondance. On traite aussi de sujets plus sensibles comme l’esclavage sexuel. Et les mages sont vraiment inventifs et écoeurants à ce niveau-là. On a l’impression qu’ils n’ont aucune limite dès lors que cela concerne des personnes qui ne sont pas des mages. C’est glaçant. Cependant, des prises de conscience ont lieu tout au long du tome. On sent que cela ne va pas forcément changer grand-chose, mais qu’il y a un frémissement. Bénédict Jacka nous montre aussi des mages de la Lumière qui sont bons, et cela en plus grand nombre. C’est rassurant, mais il y a aussi tellement de personnes abjectes dans leurs rangs que je n’arrive pas à leur faire confiance. Un état d’esprit qui persiste pour le lecteur et qui est le reflet de ce que ressent le héros. Pour moi, c’est parfait. Je me sens proche d’Alex et il n’est pas difficile de se mettre dans ses baskets.
Côté histoire, je l’ai trouvé plus introspective même si l’action ne manque pas. La résolution de l’intrigue arrive cependant trop tardivement et pour moi, il y a eu cette sensation de rapidité. L’intrigue n’est pas bâclée, mais j’aurais aimé qu’on voie plus distinctement les desseins de tous les protagonistes. On devine pas mal de choses au final. Alors certes cela donne une sensation étrange qui encore une fois fait écho à celle d’Alex, mais en tant que lecteur avoir cette vision plus omnisciente a quand même du bon. J’ai donc cette impression d’être passée à côté de quelque chose… On entre dans une phase politique également, ce qui peut aussi donner ce « flottement » car les manigances sont multiples et les buts de certains encore assez opaques.
La fin nous laisse entrevoir un grand bouleversement. Elle est sur une note plus sereine que les précédents et en même temps, on se sent au bord du précipice. C’est étrange et palpitant à la fois. Mais encore une fois, l’histoire imaginée par Bénédcit Jack est vraiment agréable à suivre.
Dissimulation se présente comme un tome ambivalent et plus mature aussi. J’aime toujours autant le côté urbain de la fantaisie, et nos héros sont attachants d’autant plus qu’ils n’ont pas cette perfection qui parfois installe une distance. Malheureusement, la traduction s’arrête avec ce tome… Pour la suite, il faudra que je me motive à la lire en anglais.
Mes chroniques des précédents tomes d’Alex Verus : ici